Un "nouveau Lascaux" en Périgord !
Ce dimanche matin, sans doute parce qu'elles pressentaient le déluge à venir quelques heures plus tard, les bestioles se faisaient discrètes sur le causse. Même Cannelle, le golden retriever qui m'honore de son affection (pas toujours désintéressée) ne parvenait pas à dénicher dans les pelouses calcaires, sous les souches d'arbres morts ou parmi les replis rocheux du plateau ses habituels compagnons de jeux qui, en cette saison pré-estivale sortent, habituellement, de leur tannière pour musarder au soleil ! « Des rapiettes », me confie-t-elle ! pour le cas où je méconnaîtrais son penchant pour les lézards des murailles.
Quelques Azurés blasés, une piéride déprimée, ne se sont pas dérobés à l'approche frontale de mon objectif indiscret… et c'est presque tout pour cette glane photographique matinale !
Mon ami Francis, alias Gisèle Rateau, m'avait transmis, dans la nuit, un bon document sur le climat de la Dordogne émanant de Météo-France. Les spécialistes ont bien noté le déficit d'ensoleillement de ce printemps 2008 tout en constatant,en revanche, sa prodigalité en précipitations non souhaitées !
Pour autant ,de l'ouest charentais maritime ne montent encore, vers 10 heures, que des nuages haut perchés, grisâtres et mâtinés de blanc qui, aussi exceptionnel, que cela puisse paraître, ménagent, par moments, quelques trouées bleutées .
D'un naturel optimiste, confiant en la paresse d'une dépression me semble-t-il peu virulente, je propose donc à mon compagnon de recherches, Christian Varailhon, de reprendre, dans l'après-midi une désobstruction entamée ensemble quinze jours auparant sur le causse de X…
Il s'agit, une fois de plus, de tenter de s'insinuer dans un conduit karstique particulièrement étroit que nous avons trouvé au sortir de l'hiver : Rigoureusement impénétrable, sauf pour les blaireaux qui l'occupent, la cavité, ouverte à flanc de coteau, pourrait, toutefois, ménager d'heureuses surprises. Son porche en effet, avant comblement anthropique quasi intégral, fut de taille respectable. Il se prolonge par une galerie très surbaissée dont la voûte présente ce lustré caractéristique produit par le pelage des animaux qui y ont établi leur demeure .
Au terme d'une première tentative consacrée à l'évacuation du remplissage, la progression restait, malgré tout, modeste En connaisseur j'avais évalué les efforts qu'il faudrait accomplir avant de pouvoir atteindre, à près de 5 mètres de distance, un laminoir que ma torche révèlait entre blocs de pierre et amas de terre. Comme un léger courant d'air circulait dans le boyau un autre accès pouvait exister à proximité.
La déduction s'était avèrée juste. puisque, rapidement nous mettions au jour sous la végétation 3 autres petites dépressions ayant également fait l'objet d'une obstruction presque totale. L'une d'entre elles présentait un orifice circulaire d'à peine 15 centimètres de diamètre que nous ne tardions pas à élargir, motivés par. la chute de quelques cailloux précipités à l'intérieur. Le bruit occasionné nous laissait supposer l'existence d'une galerie sous-jacente.
L'éclairage de nos lampes devait effectivement, bientôt dévoiler les contours incertains d'une petite salle située à l'aplomb d'un puits de 3 à 4 mètres. Elle paraissait bien se prolonger par une galerie creusée au détriment d'un joint de stratification. Se frayer un passage dans cette oubliette en plein rocher ne serait guère facile et nous redoutions déjà le recours obligatoire au groupe électrogène et aux marteaux électriques dont le transport s'avérerait laborieux. La marche d'approche, particulièrement longue, s'effectue, en effet, au milieu de bois escarpés dépourvus de pistes et de sentiers.
Pour cette seconde séance, jugeant notre effectif trop réduit, nous avons préféré employer burins, pointerolles, barres à mine, outils plus traditionnels, … , et surtout moins pondéreux et moins encombrants!
À peine atteint notre objectif, une pluie, fine d'abord puis plus drue ensuite se déverse sur nos têtes.
Maudissant l'averse inoportune, nous entamons cependant notre tâche, médiocrement protégés par les feuillages clairsemés de quelques arbustes environnants ! À force de grands coups de masse et de marteau assénés sur nos outils de carrier et de tailleur de pierres le goulet rocheux découvert 15 jours plus tôt cède peu à peu du terrain.
La roche est solide… notre détermination n'en reste pas moins ferme !.Quelques dizaines de minutes plus tard la diaclase se révèle pratiquement pénétrable. En peu de temps l'un de nous pourrait, éventuellement, s'y glisser sans risque… d'y laisser la peau.
La pluie qui ne cesse pas nous a cependant complétement trempés. Aussi, face à ces intempéries persistances, la décision est finalement prise de battre en retraite et de remettre à une date prochaine l'achèvement de notre désobstruction.
Il nous en coûte quand même car à partir du paléolitique des hommes ont déjà pu s' aventurer dans la grotte et y laisser des traces de leur passage Certes elle n'a pas l'ampleur de Rouffignac et nous serions les premiers surpris si on y découvrait, sur ses parois, un décor gravé ou peint magdalénien . ! Plus simplement et moins glorieusement, elle risque surtout de s'ajouter à la longue liste de ces cavités qui nous auront fait suer sang et eau pour en définitive ne divulguer que quelques mètres de galeries sans grand intérêt. La spéléologie est une discipline ingrate mais, par le passé, elle nous a procuré trop de joies pour que n'acceptions pas de consommer une fois de plus le pain noir de ses mirages incons(is)tants !
Voilà qui mitige un peu nos regrets d'en différer l'exploration !
Verdict (définitif ?) dans une semaine ou 15 jours, au bas de la diaclase enfin élargie…
Ch.C le 25, tard dans la nuit & le 26 mai 2008, tôt le matin ! Revu et corrigé le 27/5 alors que des pluies diluviennes ne cessent de tomber !
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